Anniversaire du petit pingouin.

Il était une fois un petit pingouin qui habitait avec ses parents sur une petite île au large de la Nouvelle Zélande. Comme tous les petits pingouins, il était sorti d'un petit œuf pondu par sa maman-pingouin et couvé par son papa-pingouin. Ses parents l'ont appelé Waka, un ancien prénom Néo-zélandais.

Le jour de son premier anniversaire Waka a eu droit à un cadeau hors du commun. Tous ses petits camarades ont eu une plume d'Albatros, ou une huître fraîche, ou encore un nouveau petit nid pour commencer à s'installer tout seul, créer une famille. Mais les parents de Waka lui ont prévu autre chose: ils l'ont emmené en excursion touristique voir les humains!

Il faut savoir que les pingouins de l'archipel néo-zélandais vivaient le plus souvent dans les parcs naturels très protégés où aucun humain n'avait le droit de pénétrer. En revanche certains pingouins étaient suffisamment curieux pour aller eux-mêmes à la frontière de leur parc pour observer les humains - ces drôles d'animaux avec de longues jambes, sans ailes qui ne savaient même pas nager (en fait ils prétendaient savoir le faire mais ils ne pouvaient même pas tenir plus de 2 minutes sous l'eau, sans parler d'attraper un poisson). Les parents de Waka étaient de ces pingouins curieux, ce sont même eux qui ont systématisé les excursions à a frontière du parc tout au long de l'année afin d'étudier ces bestioles étranges et leurs comportements pendant toutes les saisons.

Waka avait déjà entendu ses parents parler de leurs excursions et il voulait aller voir de ses propres yeux ces créatures a priori fainéantes et pas très utiles (en fait il ne comprenait pas comment ces "humains" pouvaient survivre sans savoir vraiment nager ou voler – « pas facile pour se nourrir » se disait le petit pingouineau).

Pour aller à la rencontre des humains il fallait nager une heure sans s'arrêter - difficile même pour un pingouin, surtout connaissant les dangers que représente la mer et ses prédateurs pour les petits animaux comme les pingouins. Mais lorsqu’ils sont déterminés les pingouins ne craignent pas, de plus les parents de Waka ont mis en place une technique d'évolution en groupe basée sur des feintes afin de tromper les méchants, les fatiguer et finalement les décourager à poursuivre leur chasse. Tous les pingouins participant aux excursions (et encore plus Waka) étaient formés à exécuter les mouvements nécessaires à l'approche des prédateurs. Ceci a permis de réduire le taux d'accidents pratiquement à zéro, le dernier datant de plusieurs mois, lorsqu'un pingouin entraîné avait vendu son certificat de formation à un autre (échangé contre la construction d'un nouveau nid). Evidemment lorsque le pingouin ayant acheté le certificat s'est fait manger cela a fait un grand choc dans la communauté, le vendeur a été condamné à un an de travaux d'intérêt général (construction de nids pour les familles nombreuses), la photo a été rendue obligatoire sur les diplômes de formation et les contrôles d'admission aux excursions ont été renforcés.

En voyant toutes ces précautions Waka n'était pas très rassuré, même s'il avait été le meilleur de son groupe d'entraînement.

Le jour de l’excursion tout a bien commencé, il faisait beau et a mer était calme. Cela avait l’avantage de faciliter la nage des pingouins mais aussi le désavantage de les rendre malheureusement plus visibles aux requins et autres otaries. D'ailleurs ces dernières n'ont pas tardé à rappliquer - elles ont retenu que les pingouins passaient régulièrement pas là pour aller voir on ne sait pas quoi sur les grandes îles.

Le papa de Waka qui nageait en tête du cortège a donné le signal d'alerte et les autres pingouins se sont mis en formation de défense, chacun a laissé suffisamment de place autour de lui pour avoir une bonne liberté dans les mouvements, sans toutefois trop s'éloigner des autres - cela faisait aussi partie de la technique élaborée par les parents de Waka: le prédateur voyant plusieurs proies potentielles hésitait entre les deux,  ralentissait et finalement n'attrapait ni l'un ni l'autre.

Comme les autres, notre petit pingouineau a commencé à exécuter ses mouvements d'évitement et ça lui réussissait plutôt bien, ça lui a même tellement mis en confiance que, petit à petit, sans se rendre compte il  s'est éloigné des autres pingouins combattant les otaries. D'un coup il s'est trouvé nez à nez avec une grosse otarie affamée, il a regardé à droite - tiens, personne? A gauche - personne! Derrière - PERSONNE!! Et devant - une grande gueule pleine de dents qui fonçait sur lui!!! Le pauvre pingouin était tétanisé de peur, et a bien failli se faire manger mais au dernier moment il a repris ses esprits et a fait un écart brusque sur le coté - juste à temps pour éviter les dents qui claquaient dans le vide. Enfin, presque – les dents de l'otarie ont juste un peu frôlé le petit doigt de la palme gauche de Waka... avant de se faire rouer de coups par les parents du petit qui avaient remarqué l'absence de leur fils presque tout de suite mais ont mis du temps à arriver jusqu'à lui car il leur a fallu éviter trois otaries affamées sur le chemin. Jusqu'ici les pingouins n'ont jamais engagé un combat au corps à corps avec les otaries qui étaient plus fortes et avaient plus d'armes que les pingouins avec leur seul petit bec, la technique des parents de Waka était basée sur l'épuisement de l'adversaire, mais cette fois il s'agissait de leur fils en danger et ils n'ont pas pensé une seule seconde au danger qu'ils couraient eux-mêmes en attaquant. Mais cela  a porté ses fruits: l'otarie (qui se trouvait être le chef de la bande) ne s'y attendait tellement pas qu'il a honteusement battu en retraite avec sa bande.

Les pingouins ne sont pas restés célébrer leur victoire longtemps afin d'éviter les requins après les otaries mais heureusement il ne restait pas beaucoup de chemin et bientôt ils ont aperçu les falaises et les installations des humains: des toits pour les protéger de la pluie, les baies vitrées pour les abriter du vent, les cheminées pour les tenir au chaud... Décidément ces créatures étaient des vraies assistés, même quand il faisait beau ils se couvraient avec ce qu'ils appelaient "vêtements". Les parents de Waka ont expliqué au petit que selon les saisons ces vêtements changeaient:

Mais la chose la plus drôle à propos de ses humains n'était pas leur faiblesse face aux éléments ou leur façon de se couvrir de "vêtements" pour palier un peu cette faiblesse. Le plus drôle, et le papa pingouin l'avait découvert très récemment et ne l'avait encore dit à personne, c'est que ses humains croyaient dur comme fer qu'en fait c'était eux qui venaient observer les petits pingouins se reposer sur la plage devant leurs installations loufoques! Non mais vraiment ils  se croyaient les maîtres du monde, la maman pingouin a d'ailleurs dit qu'à ce rythme là il devait y en avoir certains qui croyaient encore que le soleil tournait autour de la terre...

Après une heure à regarder les humains s'extasier devant la baie vitrée, à pointer du doigt vers le petit Waka et à prendre les photos, les pingouins ont décidé de rentrer sur leur île protégée où ça ne sentait pas l'humain et le plastique. Sur le chemin du retour tout le monde était fatigué et déconcentré, les pingouins étaient occupés à se raconter leurs impressions, au point où ils n'ont pas vu arriver la bande d'otaries qui les avait attaqué lus tôt. Heureusement le chef tenait dans sa bouche un mouchoir blanc perdu dans la mer par un pêcheur (pollueur !) - ils voulaient négocier. La proposition des otaries était simple: si chaque pingouin passant sur leur territoire leur apportait une huître fraîche les otaries les laissaient en paix. Après réflexion les pingouins ont fait une contre-proposition: deux huîtres par pingouin et les otaries (qui sont quand même des animaux civilisés) les protégeraient des requins (qui, eux, sont des vraies bêtes sauvages). Les otaries ont accepté sans hésiter car les requins du coin avaient déjà assez peur d'elles, il suffirait alors que quelques otaries escortent les excursions des pingouins jusqu'au grandes îles à l'aller et au retour.

Au retour de l’excursion dans la colonie des pingouins la nouvelle s'est répandu très vite, tout le monde était content, enfin presque: les instructeurs des stages d'évitement on râlé qu'on les privait de leur travail mais certains se sont vite reconvertis en formateurs à la pêche aux huîtres, d'autres ont gardé leur métier pour former les pingouins qui voyageaient plus loin et où les otaries ne pouvaient pas les accompagner.

Quant à Waka il s'est couché très très heureux et rempli d'émotions ce soir là. Il était super-fier de ses parents, il allait le raconter à ses copains le lendemain en montrant la cicatrice sur sa palme, bref, il venait de vivre l'anniversaire le plus génial de sa vie.

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